CHAPITRE XXXIV
Le prototype d’Etoile Noire, moteurs coupés, était caché dans l’amas de la Gueule, le plus loin possible du Complexe. Comme prévu, Tol Sivron, Golanda, Doxin, Yemm et le capitaine des commandos tenaient une assemblée plénière pour évaluer leur situation.
Trouver une pièce vide assez grande pour faire une salle de conférences digne de ce nom n’avait pas été un jeu d’enfant. Au grand dam des participants, les boissons chaudes et les pâtisseries brillaient par leur absence. Mais on était en temps de crise, dut admettre Sivron, et il fallait faire des sacrifices si on entendait sauver l’Empire.
– Encore une fois, capitaine, merci beaucoup d’avoir mis le doigt sur un point essentiel de notre protocole, dit le directeur, son sourire révélant ses dents pointues.
Dans les annexes des procédures d’urgence, l’officier avait déniché, à la fin de la sous-section « Communication des Informations », un addenda soulignant le caractère secret des inventions du Complexe.
L’article était ainsi rédigé :
« Il convient d’interdire aux Rebelles l’accès aux données sensibles concernant les activités de recherche et de développement du Complexe. Ce point du règlement doit être appliqué à la lettre, quels qu’en soient le coût et les conséquences. »
Selon le capitaine, c’était clair. Dans le cas présent, il convenait, pour se conformer aux ordres, de détruire le Complexe.
– Quels qu’en soient le coût et les conséquences, répéta-t-il. On ne saurait être plus explicite.
– De plus, renchérit Doxin, ça nous donnera une autre occasion d’utiliser le superlaser pour le bien de l’Empire.
Yemm continuait de consulter les archives sur son petit portable.
– Directeur Sivron, rien de ce que j’ai vu ne contredit l’interprétation du capitaine.
– Dans ce cas, la motion est adoptée. Nous retournons au Complexe. A présent, capitaine, occupez-vous des détails pratiques.
– A vos ordres, monsieur.
– Eh bien, tout est réglé… Si personne n’a rien à ajouter, nous pouvons lever la séance.
Tous bondirent sur leurs pieds.
Tol Sivron jeta un coup d’œil à la petite horloge murale. Moins de deux heures s’étaient écoulées. De surprise, il en leva un sourcil.
C’était une des réunions les plus courtes de sa carrière.